HS ASH Domicile

ALIMENTATION

► La grande oubliée

VIVRE À DOMICILE. Y rester jusqu’au bout. C’est le choix de l’écrasante majorité des Français qui n’est pas sans poser nombre de difficultés. Le rôle central de l’alimentation dans le maintien de la bonne santé des personnes vieillissantes reste à ce jour négligé. Il existe pourtant un moyen de briser ce cercle vicieux des chutes, hospitalisations et autres institutionnalisations : le fameux « bien manger pour bien vieillir ». Avec quelles conséquences : la dénutrition ! La France compte près de deux millions de personnes dénutries, dont 270 000 vivant en Ehpad et 400 000 à domicile.

VIGILANCE. Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement en ne prêtant pas attention aux signes avant-coureurs, aux signaux faibles. Consulter et agir vite, n’est pas le message relayé sur le terrain. À qui la faute ? À un manque de temps et de formation des professionnels ? Une absence de prise de conscience collective ? Une carence des pouvoirs publics ? Une fatigue chronique des aidants ? Comment demander à une aide à domicile de faire, en une heure, les courses, préparer un repas, aider la personne dépendante à s’alimenter, puis procéder aux gestes d’hygiène dans un environnement serein…

PLAISIR OUBLIÉ. Intervenir le temps des repas ne peut se limiter à réchauffer un plat et à le servir. L’alimentation doit d’abord se partager. Et là, le choc des cultures est violent entre des personnes vieillissantes qui ont eu l’habitude de passer du temps à cuisiner, à organiser des repas familiaux, sans télévision… et des professionnels plus jeunes, habitués aux repas industriels et aux écrans. La mission des aides à domicile est aussi de préparer des assiettes appétissantes, stimuler, engager la participation de la personne vulnérable. En amont, elles doivent interroger l’usager sur ses goûts et envies, faire des courses en fonction, ou alors laisser des listes aux proches aidants. Selon les situations, elles peuvent améliorer les repas livrés, ou équilibrer les plats sur la semaine.

ESSENTIELLE FORMATION. Diététique, habitudes de vie, hygiène, conservation des aliments, budget repas, adaptation au rythme de la perte d’autonomie, … une multitude de paramètres sont à prendre en compte et à gérer. Pour lutter contre les troubles alimentaires du grand âge, les acteurs du domicile doivent questionner leurs pratiques. Des clefs, relais pédagogiques et spécialistes sont disposés à prêter main-forte aux aidants familiaux ou aux professionnels de terrain. La formation est également indispensable. Quand les pathologies se multiplient, que la perte d’autonomie s’installe, que le refus de soins devient une réalité et le repas un supplice, la patience, la compréhension et l’écoute sont alors de mise. S’interroger, comprendre, dialoguer, et surtout accompagner « le nourrir » qui rencontre « le mourir ». Des moments délicats à appréhender pour ces travailleurs sociaux et médico-sociaux de plus en plus isolés.

  • Sommaire

ÉTAT DES LIEUX

  • La culture de la table, par Laurence Hardy, sociologue anthropologue
  • Plaisir vs restauration rapide, par Philippe Giafferi, conférencier
  • Les clés d’une alimentation adaptée, par Caroline Rio, diététicienne
  • Bien manger pour bien vieillir, par Manuel Sanchez et Ariane Gross, gériatres
  • L’intoxication alimentaire à domicile, par Étienne Bataille et Muriel Cormorant, avocats

SUR LE TERRAIN

  • Donner envie : un défi quotidien, par Sylvie Guillemot, auxiliaire de vie
  • Le repas : un accompagnement complet, par Awa Traore, « auxiliaire d’envie » chez Alenvi
  • Nos intermèdes gourmets, par Valérie Huguenin, directrice SAAD Senior Compagnie
  • La responsabilité de changer nos pratiques, par Delphine Jegou, cogérante et adhérente FESP, Sandra Lajaunias, responsable de secteur, Eugénie Avon et Marie-France Montfort, assistantes de vie, et Delphine Henrique, stagiaire diététicienne Majordome Services
  • Cours à domicile pour soutenir les aidants, par Marie Étienne, pilote d’une plateforme de répit

MISE EN PERSPECTIVE

  • De nouveaux modes de consommation, par Stella Choque, cadre de santé et formatrice
  • Le rôle clé des aidants, par Caroline Rio, diététicienne
  • Des actions pédagogiques, par Caroline Garlatti, Silver Fourchette
  • La formation en question, par Patricia Dalençon, formatrice référente des Aides à domicile chez Brigitte Croff Conseil & Associés
  • Le portage de repas en quête de reconnaissance, par Jérôme Saglier, président de la commission « Nutrition et portage de repas à domicile » de la Fédésap1 et gérant fondateur de la structure de portage de repas à domicile Appétits & Associés
  • Le refus de s’alimenter, par Judith Mollard, experte psychologue
  • Adversités électives : enjeux éthiques, par Alice Casagrande, présidente de la Commission nationale de lutte contre la maltraitance et de promotion de la bientraitance
Hors-série ASH N° 03 - Mars 2021 - 44 pages
11,25
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